Chronique Engagée 🌱

Le monde économique est en perpétuelle mutation, suivant tant bien que mal les opportunités et menaces de son époque.

Ces mutations plus ou moins fortes contraignent nos entreprises qui ont appris à s’adapter pour vivre et prospérer. L’environnement économique hérité de l’après-guerre a su tirer partie des bénéfices de la mondialisation des échanges et de l’abondance des ressources, qu’elles soient énergétiques, de matière ou de main d’oeuvre. Cette abondance, couplée à une forme d’insouciance sur les conséquences environnementales de nos modes de production et de consommation, semble voués à n’être qu’une parenthèse de prospérité civilisationnelle. Le champ lexical employé dernièrement jusque dans les hautes sphères de l’Etat (sobriété, réquisition, rationnement…) renforce encore cette idée.

Car le contexte change. Les ressources apparaissent en tant que ce qu’elles sont, à savoir limitées. En parallèle, la responsabilité humaine sur les dérèglements climatiques et sur la perte de biodiversité s’avère établie (cf les conclusions du dernier rapport du GIEC ainsi que des travaux de l’IPBES). Ce contexte contraint la vie de nos entreprises et confine au casse-tête lorsqu’il s’agit d’envisager des axes de développement compatibles avec le nouvel ordre établi. Ajoutons à cela les conséquences d’un contexte international instable, pas totalement étranger à la dégradation des écosystèmes, et la coupe de nos PME est pleine.

Pourtant l’adaptation est bien une caractéristique fondamentale de nos entreprises, et l’action est notre moteur. La question qui nous brûle est alors : comment agir ? La réponse est multiple mais doit être pratique. Elle mérite d’être traitée de façon séquentielle pour générer l’action. Et puisqu’il faut bien commencer quelque-part, interrogeons notre manière de consommer, ou plus précisément notre manière d’acheter et identifions les axes d’amélioration possibles.

Par nos achats, de quoi parle-t-on ? De la matière ou de matériel (matières premières, machines, véhicules, informatique…) ; des consommables (carburants, fournitures, énergies…) ; des services (services hébergés, prestataires…). Nos critères d’achat sont bien souvent dictés par le seul rapport qualité/prix, autrement dit la valeur que j’accorde au bien ou service acheté confrontée au prix proposé. Le bénéfice au moins disant peut alors être challengé par des critères de soutenabilité de l’offre. Ce pas de côté va permettre de modifier notre jugement de la valeur perçue. Cette démarche intellectuelle est en réalité une invitation au questionnement : quelle est la vraie nature de ce que j’achète ? Dans quelles conditions le produit a-t-il été conçu ? Existe-t-il des alternatives crédibles plus soutenables et/ou plus locales ? Il s’agit au fond d’un changement d’habitude qui est le fondement même de l’adaptation.

Au cours de nos travaux, un chef d’entreprise a questionné la meilleure solution de mobilité qu’il doit engager auprès de ses salariés pour leurs déplacements : doit-il acheter une flotte de voitures électriques (avec les incertitudes sur la disponibilité du réseau électrique et un bilan carbone peu flatteur du VE à l’origine), ou des citadines économes en carburant (mais qui restent émettrices en GES sur l’ensemble de leur cycle de vie), ou même des vélos électriques (contraignant les distances et le confort d’usage) ? La conclusion fut que la solution n’est pas binaire, mais qu’elle réside au contraire dans un mix intelligent. Les contraintes économiques auxquelles nous sommes soumis ne nous permettent pas d’atteindre la perfection, mais intégrer systématiquement le questionnement de l’alternative est une attitude à développer et à encourager. Le pragmatisme reste une vertu cardinale, ce qui change c’est l’angle de vue.

A présent aussi vrai qu’on ne fait pas boire un âne sans soif, personne ne changera d’habitudes sans en comprendre les raisons. Prendre conscience des limites affichées par notre planète est un bon début, et des formations et ateliers existent pour aider en cela (fresque du climat, fresque de l’alimentation, atelier 2 tonnes…). Agir pour rendre notre écosystème économique plus résilient est une bonne idée aussi. Comment ? En favorisant la bonne santé de nos partenaires les plus vertueux, et si possible en favorisant les acteurs les plus proches de nous. En d’autres termes, en favorisant notre coopération en dépassant la relation client/fournisseur pour engager de vraies politiques de coopération. La plupart d’entre nous le faisons déjà ! A chacun d’inclure une dose d’engagement sociétal et environnemental.

Et s’il s’avère que le sujet de fond n’est pas encore la préoccupation de l’acheteur, la question de la RSE viendra peut-être rebattre les cartes. Si l’obligation de rédiger un reporting extra financier ne s’applique aujourd’hui qu’aux entreprises de plus de 250 salariés et aux PME cotées en bourse, la tendance est à sa généralisation. D’abord car c’est un outil d’attractivité et de fidélisation des talents, voire des clients. Ensuite parce qu’on ne peut pas exclure que le législateur ira plus loin dans la généralisation de ces règles, au regard des mutations en cours.

Il tient à nous, entrepreneurs et parties prenantes de la politique d’achat de nos entreprises, d’adopter des comportements responsables. Loin de toute considération morale, le questionnement sur le sens de ce que nous entreprenons doit demeurer le coeur de notre engagement. Le monde change et nous devons changer avec lui. Acheter mieux et quand c’est nécessaire, voilà un défit à notre portée, quelle que soit la taille de notre entreprise.

Et la CPME est là pour vous y aider !

Manuel PEREZ

LA FERME INTEGRALE - Membre de la Commission Entreprenariat Durable
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